Honorable Sali Dairou. Pour le député Rdpc du Diamaré la pauvreté ambiante de l’Extrême-nord mérite d’être combattue. Financer les projets à la base est la meilleure manière d’aborder les problèmes.
Honorable, quel apport de cette session d’information de la Banque mondiale avec les parlementaires que vous êtes ?
Je suis très content d’avoir été associé à ce genre de rencontre. En tant que député, représentant des populations à l’Assemblée nationale, nous avons toujours eu à demander au gouvernement de nous aider à aider ces populations, surtout quand on sait qu’à l’Extrême-nord nous avons un taux de pauvreté très élevé, le plus élevé même de la république avec environ 74 % de taux de pauvreté alors que la moyenne nationale est de 38 %. Donc c’est pour dire que quand ce genre d’opportunité se présente à nous, nous devons la saisir avec les deux mains, essayer de sensibiliser nos populations, essayer de leur donner des directives dans le sens de présenter de bons projets bancables afin de pouvoir bénéficier de ces financements. D’ores et déjà, je sais qu’avec tout ce que j’ai vu et entendu ici lors des échanges, il y a de très belles perspectives qui s’offrent à nous et nous allons les saisir pour le bien de nos populations, parce que cette pauvreté ambiante de l’Extrême-nord mérite d’être combattue. La Banque mondiale commence aujourd’hui à comprendre, parce que quand j’étais ministre, elle était très réticente à financer certains projets. Maintenant qu’ils ont compris que financer les projets à la base est la meilleure manière d’aborder les problèmes, nous allons continuer à travailler la main dans la main avec cette équipe de la Banque mondiale à travers les différents projets qu’ils ont dans leur portefeuille pour nos populations.
Vous avez parlez d’un déficit en terme de production, avez-vous une crainte particulière en matière de sécurité alimentaire dans la région de l’Extrême-nord?
Vous savez, j’ai représenté l’Assemblée nationale du Cameroun à la FAO et au PAM à Rome et j’y suis déjà allé au moins depuis huit ans. Chaque année j’ai conduis une mission de l’Assemblée nationale auprès de ces organisations. Avant d’y aller j’avais déjà fait une mission de rapprochement au niveau des délégations régionales d’agriculture du Nord et de l’Extrême-nord, il s’est dégagé que si le Nord est autosuffisant, à l’Extrême-nord le déficit est criard puisque la pluviométrie a été très mauvaise cette année. En effet nous sommes à 132 mm en dessous de ce qui était attendu et conséquemment la production s’en ressent, puisque la production céréalière accuse un déficit de l’ordre de 250 000t à 300 000 t. Quand nous sommes allés donc à Rome au début du mois de février dernier, de nos discussions nous avons conclu avec ces deux organisations qu’ils vont nous envoyer un appui spécial de 250 000 t pour l’Extrême-nord et 50 000 t pour la région du Nord bien qu’elle soit un peu excédentaire parce qu’ils sont à 2 millions de tonnes alors que nous ici dans l’Extrême-nord nous sommes à 4,3 millions de tonnes. Malheureusement leur excédent ne peut pas couvrir les besoins de l’Extrême-nord parce qu’il y a eu des ponctions des gens qui achètent la production là-bas pour faire par exemple de la bière comme pour le cas des Brasseries qui ont commencé à acheter depuis deux ans la production céréalière du Nord. Ça crée déjà aussi un déficit dans cette région. Sans oublier ceux qui achètent souvent pour envoyer au Nigéria, et aussi nos populations de l’Extrême-nord qui achètent là-bas pour venir ici assurer leur survie. Donc nous attendons d’ici mars entre 250 000t et 300 000 t de la FAO et du PAM, sans oublier le cri d’alarme lancé au président de la République qui a envoyé une mission multidimensionnelle ici avec au moins quatre à cinq ministres qui sont venus écouter et toucher du doigt nos réalités en matière de déficit alimentaire, et je crois que d’ici quelques temps, le président de la République va aussi réagir pour apporter sa touche personnelle afin de nous aider à juguler cette pénurie qui se dessine déjà et qui se ressent déjà durablement dans certains foyers ici à l’Extrême-nord.
Propos recueillis par Antony DAKA, envoyé spécial à Maroua