Le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac) révèle dans son rapport d’avril 2017 que l’Etat du Cameroun a payé une rançon pour obtenir la libération, en 2013, des sept membres de la famille française Moulin-Fournier.
Dans sa publication d’avril 2017, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac) fait une révélation de taille : le Cameroun a versé la somme de 3,5 millions de dollars (environ 2 milliards de FCFA) au groupe terroriste Boko Haram. C’était en avril 2013 au moment où la secte enlève sept membres de la famille française Tanguy Moulin-Fournier. Le Gabac reprend à son compte un rapport confidentiel du gouvernement nigérian qui indique « Boko Haram a perçu environ $3,5 millions des négociateurs Français et Camerounais en échange des otages.»
Le Gabac raconte qu’à l’époque des faits, un certain Alhaji Abdalla, agent financier Camerounais est exportateur de véhicules basé à Amchidé dont les activités commerciales s’étendent jusqu’au Qatar (il est probable que les véhicules transitent de Doha vers d’autres ports en Asie). « Il a joué un rôle majeur dans les négociations pour Boko Haram lors des discussions avec le gouvernement camerounais concernant la libération des sept membres de la famille française Moulin-Fournier en février 2013.
En échange de leur libération, le gouvernement avait alors versé une rançon de 3,14 millions de dollars et libéré des prisonniers de Boko Haram en avril 2013 », lit-on dans le rapport du Gabac.
Selon des sources sécuritaires, soutient le Groupe d’action, Abdallah a effectivement pris part aux négociations avec Boko Haram, mais son interpellation subséquente par les services de sécurité ouvre des brèches sur les interactions entre les réseaux socioculturels, les réseaux d’affaires et les réseaux criminels.
Le Gabac indique néanmoins que « Aucune source officielle ne confirme le paiement d’une rançon. Cependant, quelques indices tendent à le suggérer : Des billets de banque faisant vraisemblablement partie de la rançon ont été saisis ; un des négociateurs a été interpellé par les services de sécurité et reste détenu ; une personne a été interpellée et reste détenue en rapport avec lesdits enlèvements ; certains intermédiaires dans les négociations sont traduits devant les juridictions ».
Toujours selon le Groupe d’action, Hormis l’exploitation des sources ouvertes, la quête des données empiriques s’est néanmoins avérée être la seule approche crédible pour tenter de se rapprocher d’une meilleure compréhension des activités financières de Boko Haram au Cameroun et au Tchad. « L’actualité du sujet, la confidentialité des données, la paranoïa sécuritaire ont limité l’accès à l’information, obligeant à des approches alternatives de collecte des données », mentionne l’organisme dans son rapport.
Le Gabac ajoute que, entre les interviews d’acteurs administratifs, sécuritaires et locaux, l’exploitation de quelques données statistiques mises à disposition par les forces de sécurité et les organisations internationales présentes sur le terrain, et la capitalisation de diverses sources mises à disposition par les membres du groupe de travail, c’est bien une recherche par traces qui a été adoptée. Entre le Nord-Est du Nigeria, l’Extrême-Nord du Cameroun et l’Ouest du Tchad, les modes de production et de circulation des fonds s’adossent aux agents et aux circuits du commerce et particulièrement de la contrebande transfrontalière.
Boko Haram utilise les fonds générés en Afrique centrale notamment pour se procurer des armes, des vivres, des produits servant à confectionner des engins explosifs ou pour financer des cellules et rémunérer certaines catégories de ses membres.
Source: Quotidieneconomie.com