En confiant à Atanga Nji le délicat ministère de l’Administration Territoriale, le président Biya a effectivement fait confiance à un conseiller qui n’a pas suffisamment été mis à l’épreuve afin de réussir dans une guerre que le président déclara le 30 novembre 2017. Puisque Atanga Nji ne croit pas qu’il existe un «Problème anglophone», il ne peut y répondre. A cet effet, son approche peut être uniquement militaire.
Puisqu’à travers l’histoire, la guerre n’a jamais résolu un problème, nous pourrions être dans une guerre sans fin grâce à un larbin mal avisé. Les anglophones peuvent être réprimés militairement, mais il n’y aura peut-être jamais de paix. Pire, le problème pourrait s’étendre à l’autre côté du Moungo. Les anglophones ne sont pas des imbéciles. Voulons-nous vivre dans la peur constante comme les Anglophones (soyons réalistes), les Somaliens, les Irakiens, les Afghans et les Libanais?
Si M. Atanga Nji réussit, le Cameroun pourrait devenir le prochain État en faillite de facto. C’est peut-être à ce moment que la «communauté internationale» pourrait véritablement intervenir. Ils vivent dans le désordre des pays du tiers monde. Et gardons à l’esprit que c’est peut-être le moment où la vérité de nos relations avec nos concitoyens anglophones sortira; et nous ne l’aimerions pas.
La vérité, aussi «la racine du problème», comme l’a demandée à plusieurs reprises le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutierrez, pourrait être inconfortable pour nous francophones: l’illégalité de l’union entre LRC et l’ancien Territoire sous tutelle britannique dénommé Southern Cameroons, l’illégalité de la conférence de Foumban de 1961 et l’institution de la constitution fédérale qui en résulta, l’illégalité du référendum de 1972, l’erreur de renommer notre pays «République unie» en 1984, l’erreur de déclarer la guerre à une minorité faible, en grande partie désorganisée, les violations des droits civiques des citoyens dans l’orchestration de la guerre, l’enlèvement illégal et l’extradition de personnes du Nigéria et leur détention discutable au Cameroun…la liste s’allonge encore et encore. Tous les détenus devraient avoir la possibilité de bénéficier d’un procès équitable conformément à la loi internationale (et pas seulement au Cameroun). Plusieurs de nos concitoyens francophones ont publiquement déclaré…et je suis d’accord…que Biya a fait le premier pas vers la sécession en 1984 en renommant notre pays la «République du Cameroun». Il devrait endosser la responsabilité pour cette erreur.
Comment le président pourrait-il espérer résoudre le problème le plus éprouvant en confiant cette responsabilité entre les mains d’un voleur et un escroc aguerri? M. Atanga Nji a quitté l’école secondaire sans le BEPC et n’a jamais fréquenté l’école secondaire du deuxième cycle. Comment pourrait-il gérer adéquatement un portefeuille ministériel ayant du personnel hautement qualifié comme les préfets et les sous-préfets? Sommes-nous entrés dans un âge où la fin justifie les moyens?
Par Jean Paul Bitjaa Onana