Deux semaines, à l’heure de l’Internet, pour montrer aux yeux du monde comment l’Afrique, malgré l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ne peut avancer.
Deux semaines, le temps nécessaire aux organes en charge des élections, dont tous les membres sont choisis par le despote, de créer, sur le papier, des bureaux fictifs, des PV fictifs à introduire dans le décompte pour le déclarer frauduleusement toujours vainqueur, de décennies en décennies.
Deux semaines, le temps que se donne ces régimes tyranniques à travers l’Afrique, pour espérer voir l’euphorie populaire baisser, afin de rendre le peuple plus contrôlable, plus manipulable par la suite.
Deux semaines, le temps nécessaire que se donnent les manipulateurs et les jouisseurs de ces républiques bananières, pour marquer leur refus masochiste d’entrer dans la modernité.
Deux semaines pour tenir le peuple en haleine, le faire souffrir dans sa chair et dans son âme pour un seul bulletin qu’il a mis dans l’urne, et dont il peut bien connaitre le résultat à l’heure qui suit.
Deux semaines pendant lesquelles ce peuple retient son souffle et en souffre, souffre de cette rétention, en souffre tellement que le faux résultat des manipulateurs devient le coup de massue mortel.
Ce sont donc deux semaines de torture psychologique et de mort lente. Seul un régime tyrannique peut souhaiter voir son peuple souffrir de la sorte. Nulle part au monde, cela ne se fait.
Le président élu, Maurice KAMTO, l’avait prévenu : “Ce code électoral n’est pas bon”. On a cru qu’il voulait y soutirer les extraits qui rendent la fraude possible, à savoir ce délai de deux semaines. Mais non, il n’était déjà pas bon pour le régime lui-même. Tenez: l’article 113 du code électoral dit: 《 Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public…》
Comment cet article a-t-il pu échapper au régime et à Elecam ? Si les résultats de chaque bureau de vote doivent être rendus publics ‘’immédiatement après le dépouillement’’, pourquoi la somme totale de ces résultats rendus publics ne le serait pas à l’heure qui suit ? Suivant cette simple logique rationnelle, qui n’entre même pas dans le cadre d’une interprétation complexe de la loi, on tombe sur “la somme totale des résultats des bureaux de vote à rendre publics“, laquelle confirme que Maurice Kamto a marqué le penalty de victoire. Et toute la république est en transe, la république des deux semaines.
Non, iI n’y a plus de bureaux de vote fictifs à créer pendant ces deux semaines de l’enfer, ni de PV fictifs à fabriquer, puisque la liste officielle a été bel et bien réceptionnée antérieurement.
Ce qu’on appelle déclaration de victoire n’est donc que l’acte par lequel le candidat rend publique, conformément à la loi, la somme des résultats des bureaux de vote. Cet acte est prévu pour éviter que de faux résultats ne soient introduits dans le processus les jours qui suivent.
La déclaration de victoire du président élu, Maurice Kamto, s’inscrit donc dans la légalité républicaine, et les partis, tous les partis, sont appelés à lui adresser des messages de félicitations.
Maurice NGUEPÉ
Le 09 octobre 2018