Coupe d’Afrique des nations: LE DIFFICILE CHANT DU CYGNE.
Une rumeur se propage sur Facebook, au sein de la communauté camerounaise, qui annonce le retrait de l’organisation à notre pays, pour cause de retard désormais impossible à rattraper.
Tandis que certains s’en réjouissent, en en faisant porter la
responsabilité à l’omniprésident qui avait fait, de ce dossier, une
affaire personnelle, d’autres s’enfoncent dans le déni, et exigent des
preuves. Et pourtant, de nombreux indices, annonçaient, depuis le premier jour, cette issue :
– d’abord, le rapport des Camerounais au temps. Il est de notoriété
publique que chez nous, nous n’avons aucun sens de l’ordonnancement des tâches qui assure le succès d’un projet, ou le respect d’un planning.
On prend son temps pour démarrer, se presse lentement pendant, et se précipite enfin lorsqu’il est trop tard au risque de bâcler des étapes
capitales. L’organisation de cette CAN, dont le cahier des charges a, par ailleurs été, en cours de route, alourdi pour tenir compte de son
extension à 24 équipes, n’a pas dérogé à cette règle.
– est-ce la raison pour laquelle, bien vite, et au mépris de la réserve
habituelle lorsqu’on dirige une institution comme la CAF, le président
Ahmad Ahmad a émis des doutes sur notre capacité à organiser cette
compétition ?
Quoi qu’il en soit, cette sortie aurait, déjà, dû nous
mettre la puce à l’oreille. D’autant qu’à peu près au même moment, le
Maroc, dont la fédération nationale de football avait joué un rôle clé
dans l’élection d’Ahmad, échouait à remporter l’organisation de la Coupe du monde. La CAN à pouvait alors apparaître comme un lot de consolation, pour ce pays, déjà fin prêt.
– au fil des visites d’inspection, l’amateurisme camerounais sautait aux
yeux. En dehors des stades qui semblaient avancer, les autres chantiers d’infrastructures, régulièrement réactivés peu avant l’arrivée des officiels de la CAF, replongeaient, dès leur départ dans leur torpeur
habituelle.
– la gestion calamiteuse de la crise sécuritaire dans les régions du
Nord-ouest et du Sud-ouest, a brutalement pris de la visibilité à
l’occasion de l’élection présidentielle, qui elle-même n’a pas apporté, au
climat sociopolitique, l’apaisement espéré.
– réuni au mois de septembre dernier, le Comité exécutif de la CAF a
arrêté une décision dont la divulgation, de l’avis même du président
Ahmad, aurait pu avoir des conséquences sur l’issue de l’élection. C’est
pourquoi il avait choisi de l’annoncer après l’élection.
Eût-il pris autrement ! On peut, en effet, se demander , quelle incidence cela aurait pu avoir sur le résultat de l’élection. Aurait-il voulu éventer le secret, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. En effet, quelle incidence cela aurait pu avoir, sur le choix d’ un électeur, d’apprendre que
l’organisation de la compétition n’était pas retirée au Cameroun et que
les choses suivaient leur cours ?
Seule une décision de retrait, susceptible d’être portée au passif du candidat Biya, aurait pu influencer, le vote. En sa défaveur. En recevant, au pied levé, Ahmad Ahmad et Samuel Eto’o au Palais de l’unité, annulant, par la même occasion, un meeting de campagne, Paul Biya à bien montré quelle importance l’annonce qu’ils feraient à l’issue de cette audience, aurait pour sa réélection.
Au lendemain du revers diplomatique de son invitation, a priori annulée,
au sommet de Paris sur la paix, et alors qu’il vient d’ordonner l’arrêt
des poursuites contre une journaliste camerounaise, et que le casse-tête de l’assassinat d’un citoyen américain a Bambili reste encore non résolu, le président Biya semble affaibli. Cette Coupe d’Afrique des nations, dont il a, clairement, fait son objectif premier, semble, de plus en plus, vouloir lui échapper. Entre le marteau des ressources financières de plus en plus rares, l’enclume de la voracité de ses guerres, sa marge de manœuvre se rétrécit de jour en jour. Et la voracité de son administration n’est pas faite pour arranger les choses.
Après sa réélection au forceps, la CAN, sa CAN, est, désormais son
objectif prioritaire. Il s’est, solennellement, engagé à la réussir, et
fera tout pour y parvenir. Ce sera la première d’Ahmad, qui ne veut pas
prendre le moindre risque.
Alors, CAN Total Cameroun 2019 ou Maroc 2019 ? L’avenir nous le dira. Bien vite !
Clément Tayo