Aux-lendemains de son investiture comme nouveau président de la République du Cameroun, on attendait que Paul Biya forme son gouvernement. Chose tout à fait ordinaire dans une démocratie et qui permet au chef de l’Etat nouvellement élu ou déclaré comme tel, de choisir des hommes et des femmes compétents qui se mettront immédiatement au travail pour l’aider à réaliser les promesses faites à son peuple.
C’est dans cette attente lancinante qu’est survenu le scandale du retrait au Cameroun de l’organisation de la CAN 2019. L’atmosphère politique qui était déjà pesante du fait de l’imminence d’un nouveau gouvernement s’est alourdie. Les ministres et autres hautes personnalités mêlées de près ou de loin au dossier foireux de la CAN 2019 s’offrent en spectacle.
Chacun rassemble autant qu’il est possible toutes sortes d’ordures et d’anathèmes que l’on répand sur un autre collègue, question de le tenir pour responsable de la bérézina. Des clans farouchement antagonistes se sont formés et se livrent une sale guerre sans merci. Une partie de la presse, profondément stipendiée, et les réseaux sociaux sont les canaux privilégiés pour cette besogne qui relève autant de la lâcheté que de la petite mafia.
Sommes-nous encore en face d’un gouvernement avec tout ce que cela comporte de cohésion, de solidarité et de dignité ? Il y a des raisons d’en douter. L’image que renvoie l’équipe Yang, nommée par Paul Biya est celle d’un pauvre syndicat du crime, sans personnalité, dont les membres sont prêts à s’écharper sur la place publique ou à se dénoncer à la moindre secousse.
On sait que le président Biya – peut-être par on ne sait quel type de calcul – a pris l’habitude de laisser pourrir les situations. Cette fois c’en est trop. Ça sent mauvais. Même le cynisme politique a ses limites. Elle est largement dépassée.
Qu’il plaise au président de la République de former enfin son gouvernement afin que cesse ce pitoyable jeu de massacre. L’honorabilité de la fonction ministérielle en dépend.
Je refuse de croire comme cela se dit dans quelques salons feutrés que le Lion est si fatigué qu’il ne peut plus rien contre les brebis qui se livrent à toutes sortes de frivolités sous son nez. Il faut nettoyer les écuries d’Augias.
Jean Bruno Tagne
Titre de icicemac.com