CAMEROUN: LE REGIME DES SICAIRES

Bamileke-ceci, Beti-cela, Anglo-machin sur fonds d’antisémitisme occasionnel. Ils s’étripent aux yeux du monde entier. La bêtise en spectacle.

Quoi d’autre sinon un énorme rideau de fumée! Car, pendant ce temps, le satrape, le clan de sa jeune épouse et leurs sicaires recrutes à l’avenant dans les quatre coins du pays savent exactement ce qu’ils sont en train de faire.

Ils dépècent le pays. Ils morcèlent le territoire. Ils le vendent par morceaux. Même pas au plus offrant, mais a l’encan. Littéralement.

Ils l’accablent de dettes comme si demain (la génération suivante) n’existait pas. Auprès de la Chine, pour commencer, cette puissance froide et vorace, insatiable, par laquelle tout risque de se terminer.

Oubliez un instant les appels à peine déguisés au massacre des Bamileke, à l’extermination des Ambazoniens, ou encore les vociférations anti-Bulu des maitres de l’esbrouffe, ou même les bouffonneries des antisémites d’occasion.

Regardez plutôt du côté de la forêt de Meyomessala, non loin de la Reserve du Dja, laquelle fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis une trentaine d’années. Près de 55,000 hectares de forêt ont d’ores et déjà été défrichés, dont plus de 10 000 en une seule année.

Tout cela a été “vendu” à la société HALYCON AGRI basée à Singapour. Qui a empoché l’argent? Vous comprenez bien que ce n’est pas l’Etat camerounais !

Je dis “vendu”. Il faudrait dire “brade”. Et encore, le mot est faible. Ils sont en train de dépecer le pays, à la manière d’un butin.

La concession octroyée à la société HALYCON AGRI, spécialisée dans la culture l’hévéa et la production du caoutchouc, équivaut a un abandon de souveraineté pur et simple.

Pas de carte officielle des concessions. Pas d’accord d’investissement. Aucun certificat de garantie des conventions environnementales.

Rien.

La société jouit de droits exclusifs d’extraction et d’utilisation des ressources hydrographiques de l’ensemble de la forêt. Elle a le droit d’ériger barrières, check points et autres structures dites de défense et de sécurité sur l’ensemble du périmètre de la fôret.

En fait, elle est à elle seule une entité commerciale, une entité policière, une unité militaire souveraine.

La preuve?

Elle a le droit d’ignorer toute loi et règlement vote par le Parlement camerounais. Elle jouit donc, en termes simples, de droits extraterritoriaux. Les lois camerounaises ne s’appliquent pas à elle. Voila bel et bien comment, 37 ans plus tard, le Cameroun se retrouve sous un régime de capitulation.

Et dites-le vous bien, ceci n’est qu’un tout petit exemple parmi plusieurs autres.

Je ne parle ni de ce qui touche au pétrole, encore moins de l’exploitation de l’or, du diamant et autres activités d’extraction.

Je ne parle pas des marches fictifs, du brigandage financier entourant le projet (rate) d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations, des accaparements divers, la kleptocratie à tombeau ouvert.

Le terme de “satrapie” que nous utilisons pour designer ce régime (ainsi que d’autres du même acabit en Afrique centrale) met parfaitement en évidence cette dimension ultra-prédatrice et necropolitique du pouvoir.

D’un point de vue philosophique, cela ne signifie strictement rien de s’identifier (ou d’identifier les autres) en tant que Bamileke, Bassa, Moundang, Bamoun, Douala, Gbaya, Vute, Bakweri ou Boulou.

Seule la bêtise (ou un haut degré de désordre mental) pourrait conduire qui que ce soit à prendre les armes ou à vouloir tuer quelqu’un d’autre au nom de “la tribu”. Or, nous le savons à présent, certaines formes de tyrannie produisent variétés de désordres mentaux, et il est fort possible que ce soit actuellement le cas avec les satrapies d’Afrique centrale.

Pour le reste, nous sommes, non pas gouvernes par, mais sous la botte de tueurs a gages.

C’est le sens du terme “sicaire”.

Les sicaires ont peur d’une possible insurrection populaire et c’est l’idée même de l’insurrection qu’ils veulent étouffer dans l’œuf.

Ils ne veulent pas d’un “peuple” camerounais. Ils lui préfèrent des “tribus”.

Et surtout une, qui joue le rôle de repoussoir, une sorte de tribu-croquemitaine, les Bamileke, dont on se sert pour plonger dans l’épouvante de grands enfants incapables de réfléchir par eux-mêmes; et dont se servent par ailleurs des esprits malades et égarés, qui escomptent se soigner en dévirilisation en rêvant d’une imaginaire suprématie.

La tribu des tueurs a gages, voila l’ennemi. C’est une tribu sans frontières, et le satrape de Yaoundé en est le fondé de pouvoir.

C’est elle qui retient le Professeur Maurice KAMTO et 204 militants politiques en détention arbitraire.

C’est elle qui donne l’ordre à des policiers véreux de tirer à bout portant sur des civils non-armés.

C’est elle qui incendie des villages, emporte le bétail et détruit les récoltes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

C’est elle qui cherche a semer le chaos et pousse les Nègres à s’entretuer pendant qu’elle nous dépouille de tout, en collusion avec les puissances de ce monde, HALYCON AGRI, EXIM BANK CHINA, SINOCHEM International et plusieurs autres inclus, sans oublier, évidemment, le gouvernement français.

Si nous ne le comprenons pas et si nous n’agissons pas de concert, nous n’aurons que nous-mêmes à blâmer.

Par Achille Mbembe

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