Ils ont arrêté tout le monde.Des modèles, des aînés, des partenaires, des amis
Ils ont arrêté tout le monde ou presque
Maitre Michèle Ndoki vit cachée. Comme si recevoir trois trous dans les jambes n’était pas déjà assez douloureux
Elle fuit désormais la folie du Monstre. Elle vit recluse dans un lieu secret, dans la peur d’être déportée à tout moment.
Engelbert Lebon, mon ami, avec qui me revient le doux parfum du poulet grillé au Queen’s.
Lui aussi ils l’ont arrêté. Emprisonné pour une marche pacifique dite « illégale » à laquelle il ne participait même pas.
Et ils ont arrêté le grand frère Ndjamen, qui venait à peine de se faire ouvrir la jambe.
Après avoir osé arrêté Maurice Kamto, pour un délit commis par d’autres à 6 000 kilomètres de distance.
Bienvenu dans la demeure du Monstre.
Et le Monstre est devenu fou. Il a grossi à n’en plus respirer. Il a totalement perdu la tête
Il a reçu le pouvoir en 1982, sur un plateau d’argent. Sans élection ni efforts.
Sans avoir à se battre pour ça
Cela explique pourquoi il n’a jamais su battre campagne. Privilégiant la monétisation et le pain-poisson
Notre pays ressemble de plus en plus à la Corée du Nord, où au Trousieme Reich hitlerien.
Ou à l’enfer de Staline, en Union Soviétique
Et il y a une belle clique de vauriens que ça réjouit
Vous êtes bien contents. Ça vous enchante
Parce que dans votre bêtise, vous pensez que c’est nous qui souffrons.
Vous pensez que ceux qu’on a mis en prison, ce sont des « opposants ». Et qu’ils ont mérité leur sort
Vous ne vous rendez pas compte que les prisonniers, les vrais, c’est vous.
Voilà jouissez d’une liberté illusoire. Basée sur le silence ou les louanges du Monstre
Vous ne pouvez plus rien dire dans votre pays. Vos actes, vos paroles et même vos pensées sont à présent contrôlées
Le jour où vous ressentirez le besoin de vous plaindre, on vous arrêtera aussi
Vous comprendrez alors que c’était pour vous qu’on se battait, pour que nous vivions tous dans un cadre ouvert.
Et puisque vous n’aurez pas le courage de vous plaindre, vous garderez le silence face à la souffrance. C’est l’essence même de la zombimorphose
Alors bienvenue dans la prison sans murs, la prison du Monstre
Le Monstre grossit. Il grossit. Il grossit encore
Et il devient fou.
Et il arrête tout le monde
Moi je n’oublie pas tout cela. Je ne les oublie pas.
Mes compagnons de route, je ne les oublie pas.
Ils sortiront de là très bientôt. Car nous ne les auront pas abandonnés.
Et je ne vous oublie pas non plus
Vous
Vous tous qui y prenez du plaisir
Vous qui distillez des menaces, des encouragements à la crispation ethnique
Et à la division tribale
Vous finirez dans la poubelle de l’histoire
Comme les imbéciles que vous êtes
Viendra le jour où les accusateurs seront les accusés
Vous qui êtes plus coupables que ceux que vous condamnez
L’instant vient où on vous traitera comme lors des procès de Nuremberg
Alors ne rêvez pas
Cette histoire ne finira pas comme ça. Vous paierez le salaire de votre méchanceté
Souvenez-vous du sort des fossoyeurs nazis
Le public ne se lève qu’à la fin du film
Celui qui porte plainte, n’est pas toujours la victime
De l’enfer ils reviendront
Et dans l’enfer, vous irez
Pas dans celui de Satan
Pas dans celui de Dante
Mais dans celui du Monstre
Que vous avez aidé à grossir
Claude Wilfried Ekanga Ekanga
( Les tentacules du Poulpe )
Frankfurt, le 7/02/2019