L’état de frilosité du pouvoir de Yaoundé est remarquable ces dernières semaines. A chaque moment d’organisation d’une manifestation publique, le régime en place mobilise des contingents d’agents de la police pour réprimer ou, du moins, dissiper toute forme de rassemblement populaire. Le week-end, qui vient de s’écouler, a été, singulièrement, marqué par une agitation des forces de l’ordre dans les villes de Yaoundé, Douala et Bafang. Le 23 février 2019 dans les capitales politique et économique, les cadres des sections régionales du Mouvement pour la renaissance du Cameroun ont décidé de faire inscrire les nouveaux militants. Mais, grande a été la surprise de constater que des agents de la police ont tôt fait d’investir les alentours des postes d’inscription à Odza, à Bepanda, Deido, etc. Question d’interdire à toute personne d’y avoir accès. Qu’est-ce qui explique cette frilosité du pouvoir de Yaoundé qui est, d’ores et déjà, enclin, avec l’aval des autorités administratives, à réprimer toute forme d’événement à caractère social, politique ou culturel.
Les centres d’inscription des militants du Mrc ont été assiégés par les Fmo pour empêcher tout mouvement de foule déterminé.
Comme si cela ne suffisait pas, le 24 février 2019, la ville de Bafang a été, dans la même veine, le théâtre d’une mobilisation des groupes de militants et de sympathisants de l’Union des mouvements socialistes (Ums). Les partisans de Pierre Kwemo, Président national de l’Ums et maire de la commune de Bafang, se sont massés aux abords des rues. Histoire de réserver un accueil chaleureux et exceptionnel à leur leader. Mais des irréductibles de cet ancien député du Social democratic front (Sdf) ont été dissuadés par des bidasses qui leur ont lancé des gaz lacrymogènes tout au long de l’itinéraire conduisant à sa résidence.
A quelques endroits, il y a eu un affrontement entre ces sbires et des corporations d’inconditionnels de P. Kwemo. Ces actes de répression n’ont pas entravé, encore moins atténué la ferveur des militants massés à la résidence de ce leader politique.
La communauté de Bafang, qui a exprimé son courroux, il y a quelques semaines, suite à l’interpellation de l’élu local, avait organisé une marche de protestation dans les rues de la ville. Question d’exiger sa libération inconditionnelle et immédiate. Après avoir séjourné, durant une dizaine de jours, dans les geôles de la prison centrale de Yaoundé, le maire de Bafang a bénéficié d’une libération sous caution. C’est hier (dimanche, 24 février 2019) que l’homme politique retournait dans cette ville, où il est chef de l’exécutif communal à l’issue du double scrutin législatif et municipal.
Entre-temps, d’autres événements se sont déroulés le week-end dernier à Batchenga, où l’élite de la Lekié, constituée, entre autres, de Henri Eyebe Ayissi, Benoît Ndong Souhmet, Guy Tsala Djomo, est allée organiser une cérémonie donnée sans que cela ne suscite un quelconque motif d’interdiction. Quand ce sont des dignitaires du parti au pouvoir qui tiennent des manifestations publiques, il n’y a aucun acte d’une autorité administrative dans l’optique de sommer les organisateurs de ne pas lever la tête. Mais, dès qu’une figure de l’opposition camerounaise initie un acte déclaratif concernant une manifestation ou une réunion publique, des sous-préfets acquis à la cause du pouvoir dictateur de Yaoundé interdisent, sans motif valable, cet événement politique. Toute chose laissant transparaître, naturellement, une logique d’un poids deux mesures, qui est le référentiel normatif du régime de Yaoundé.
Maurice Kamto et cie, qui sont incarcérés depuis le 28 janvier 2019; Jean-Michel Nintcheu, Joshua Osih et cie qui sont toujours embastillés sur le site du déroulement de leurs manifestations; Cabral Libii Li Ngué Ngué, Prosper Nkou Mvondo, dont les manifestations et réunions ont été interdites au cours de la semaine nationale de la jeunesse; Pierre Kwemo, dont le dernier meeting politique a été prohibé il y a quelques jours; etc en sont des victimes ces derniers jours sans que cela n’émeuve le bas-peuple, qui reste et demeure dans une passivité légendaire. Il n’y a que quelques têtes grillées comme Haman Mana, Directeur de publication du quotidien “Le jour”, dont les publications, ces dernières semaines, fustigent l’option du Cameroun pour la scénographie de la dictature, laquelle a cours depuis la fin de la Présidentielle du 7 octobre 2018. Ce qui est, à l’évidence, une réalité au vu et au su des indicateurs factuels patents et recrudescents qui se vivent au quotidien. C’est la même teinte analytique que nous partageons bien que cela ne rencontre guère l’assentiment de tous. D’ailleurs, l’unanimisme n’est pas de ce monde.
Le Don King
Mot à wou à wou
Source: Serge Aimé Bikoi , journaliste