L’EXTRÊME DROITE CAMEROUNAISE: LA SURVIVANCE TROPICALE D’UN FASCISME DÉRIVÉ

L’extrême droite qui essaime ici et là dans le monde a aujourd’hui une déclinaison camerounaise bien affirmée, avec ses idéologues, ses stratèges, ses communicants, ses exécutants et même ses bras séculiers.

Mais la version locale de la politique du rejet et de la haine de l’autre à cause de « sa race », de sa culture ou de sa tribu, qu’on appelle le tribalisme, est encore plus pernicieuse que les idéologies d’extrêmes droites occidentales.

Plus pernicieux il l’est, car en se manifestant à la tête de l’État, par une gouvernance tribale affirmée, il devient la négation même de l’idée de l’État, d’un État protecteur de ses citoyens, dans la mesure où ce tribalisme n’est plus seulement conflictogène, mais s’oppose même à la construction de la Nation qui est l’une des composantes de l’État. Dès lors, le tribalisme se pose en ennemi de l’État-Nation camerounaise, il est préjudiciable à une coexistence paisible des Camerounais au sein de leur héritage territorial commun qu’on voudrait indivisible.

Le tribalisme doit être pris pour ce qu’il est : ce n’est point une opinion, mais un comportement hostile à la vie en commun, au sein d’un même pays et par conséquent, doit être considéré comme une infraction et incriminé. De ce point de vue, plus que les idéologies d’extrêmes droites classiques, qui sont tolérées dans les grandes démocraties, le tribalisme est un acte anti-social, un acte de délinquance…

LE TRIBALISME N’EST PAS UNE OPINION, C’EST UN ACTE DE DÉFIANCE ENVERS LA SOCIÉTÉ

Le tribaliste est simplement un délinquant que le gouvernement BIYA refuse de mettre au banc des accusés et traité comme tel, parce que cela reviendrait à ôter à son chef de fil le moyen de son pouvoir illégitime. Dans cet ordre d’idées, la politique tribale actuelle procède d’une véritable « hostilité envers la patrie » .

On le voit aujourd’hui à ses manifestations : Un État tribal est forcément autoritaire, car par sa discrimination, il oppresse psychologiquement et n’hésite pas à faire usage de la violence physique contre une partie du peuple, considérée alors comme les ennemies de la perpétuation de la domination d’un clan.

Nos figures tribalistes locales, véritables industriels de la haine de l’autre sont donc des idéologues d’une forme de criminalité, des délinquants d’un genre nouveau de nature à faire pâlir de jalousie LE PEN, car le tribalisme, ce n’est pas une des déclinaisons du nationalisme…

C’est pourquoi la gestion socio-politique actuelle aux allures d’apartheid, tribal doit être rapidement pulvérisée, frappée de péremption, pour laisser éclore un Cameroun nouveau, riche de son identité plurielle et désireuse de faire de la tribalité, un des piliers essentiels de l’État, le socle d’une identité nouvelle, fédératrice de nos différentes entités sociologiques, celles qui ont concouru à faire de nous une Afrique en miniature.

Pour ceux qui seraient tentés de confondre tribalisme et tribalité, cette dernière par définition est le lien socio-culturel d’un individu avec la tribu à laquelle il appartient. La tribalité exprime pour ainsi dire une communauté d’appartenance culturelle à un groupe donné et fonde des rapports avec l’autre basés sur des valeurs de partage, de respect, de bon voisinage, de consensus, de justice etc.

La tribalité norme donc les rapports sociaux positifs et sous ce prisme, elle est de nature à construire et consolider le « vivre ensemble » entre toutes les tribus ou groupes ethnolinguistiques sur un territoire donné.

Dès lors, le tribalisme pervertit la tribalité. Car c’est une pratique qui ne sert que les intérêts de personnes qui n’ont aucun amour pour leur patrie. Elle est l’arme atomique d’un État obèse, centralisé, autocratique.

La démocratie a certainement des défauts, mais sa principale vertu est celle que les tribalistes répugnent, à savoir la naissance d’une conscience collective qui ferait échec au tribalisme. Cette conscience collective procède de la culture démocratique qui elle fait appel avant tout à notre raison. L’heure est donc à la continuation de ce combat engagé pour la démocratie dans notre pays, car elle est assurément l’antidote qui contribuerait à pulvériser la prééminence de l’élément tribal que le régime autocratique de BIYA continue d’inoculer dans la gouvernance au Cameroun.

Maître Amédée Dimitri TOUKO

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