Tout le monde a fui l’enfer sauf lui. Depuis que la guerre civile fait rage, avec son cortège d’horreurs dans les deux régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest, elles sont devenues l’enfer que tous les hommes politiques fuient comme Sodome et Gomorrhe en flammes.
A commencer par le premier des camerounais Mr Biya, fait Fon des Fons par les chefs traditionnels du Nord-ouest, dont les derniers passages datent de 2010 à Bamenda et 2014 à Buea, alors que tout le pays lui demande d’aller là-bas délivrer une message paternel de compréhension à ses concitoyens mécontents.
Son Premier Ministre Joseph Dion Ngute, depuis sa nomination le 4 janvier 2019, n’a pas encore osé aller remercier son « créateur » pour reprendre une expression très prisée dans le parti au pouvoir, avec les populations de sa région d’origine le Sud-ouest, comme c’est de coutume dans le Renouveau. Il ne s’est fait voir dans les deux régions qu’au mois de mai dernier, sous forte escorte militaire, missionné par son chef pour annoncer sa nouvelle volonté de dialoguer sans beaucoup de conditions.
L’ancien Premier Ministre Philémon Yang, originaire du Nord-Ouest, n’a même pas osé faire la campagne pour son patron dans son village natal de Jiketem-Oku lors des dernières présidentielles. Quant a l’autre ancien Premier Ministre aussi originaire de la région Simon Achidi Achu, vice-président du Sénat, il a fui pour aller s’est exilé ailleurs.
Le ministre de l’administration territoriale Atanga Nji, lui aussi natif de la région, tout puissant patron du parti au pouvoir dans la Mezam son département d’origine, patron des gouverneurs, préfets et sous-préfets, ainsi que de tous les services de renseignement de la République, s’est fait chasser comme un malpropre, le jour ou il a tenté de défier les villes-mortes décrétées dans la région par les autonomistes pour protester contre la sourd d’oreille du gouvernement aux revendications anglophones.
La seule fois où il a respiré comme un homme libre et a osé se filmer en public dans sa propre ville, c’est lorsqu’il s’est retrouvé à la table du Chairman Fru Ndi avec le Premier Ministre Joseph Dion Ngute lors de sa visite du mois de mai à Bamenda.
Inutile de parler des autres ministres et grands de ce pays majoritairement francophones dont certains ne parlent pas un traitre mot d’anglais ou de descendre au niveau des parlementaires (Assemblée nationale et Senat) ou des maires (celui de Buea vit à l’hôtel Sawa à Douala), originaires de la région dont très peu mettent encore pieds dans leurs circonscriptions en feu, devenues de véritables chaudrons invivables, la majorité de la population s’étant refugiée en brousse, comme en pays bassa et a l’ouest du pays pendant la guerre d’indépendance.
Sauf un homme, le Chairman Ni John Fru Ndi. Comme un poisson dans l’eau, malgré le crépitement permanent des armes de toutes parts, la menaces des différentes milices de toutes origines et autres groupes extrémistes qui pensent qu’il leur fait ombrage, les obstructions des autorités administratives, les anathèmes de certains de ses collègues de l’opposition qui ne rêvent qu’ à s’asseoir sur son cadavre politique, la rancune tenace du régime qui ne lui pardonne pas de l’avoir humilié en octobre 1992 avec les élections présidentielles qu’il avait gagnées dans les urnes et de l’avoir poussé depuis, à se servir de fraudes électorales grotesques pour se maintenir au pouvoir, il est le seul leader politique à continuer à y vivre.
Contre vents et marées, seul au milieu d’une population orpheline estimée à près de 3 047 032 habitants en 2014 par les Nations Unie, dont près de la moitié se retrouve en déshérence ou en exil dans les autres régions du pays ou au Nigeria voisin, il est partout ou le malheur frappe, funérailles des victimes de la guerre, visites aux blesses dans les hôpitaux, lors des rixes entre éleveurs et cultivateurs, des problèmes dans les chefferies, des incendies des hôpitaux, de la Sonara etc.
Tout cela dans un champ de ruines et de désolation, fui par tout le monde, même pendant la campagne électorale des élections présidentielles d’octobre 2018.
Dans la lignée des pères fondateurs de la Nation qui pour la plupart ont vécu au milieu de leurs peuples et y sont morts pour certains, afin qu’ils recouvrent leur liberté, leur dignité et la fierté d’être camerounais, il est devenu une espèce rare dans un pays que trente six ans d’un régime corrompu et clientéliste a transforme une bonne partie des 25 millions de camerounais en autant de prédateurs des biens publics, égoïstes patentés.
Depuis 1990 qu’il est entré dans l’histoire, il a tellement frôlé la mort pour son peuple, que l’incendie de sa maison à Baba2, les kidnappings à répétition pour lui et des membres de sa famille, ne lui font plus peur.
C’est ce que doivent comprendre tous les terroristes en tout genre, dont un certain lanceur d’alerte très en cours dans certains courants de l’opposition dont il traduit souvent les pensées profondes et qui ne seraient pas mecontents que ce gêneur et son parti leur cèdent leur place, qui inonde la toile depuis quelques jours d’un message hideux, digne de la mafia italienne et que j’ai honte de reproduire : « Fru Ndi la prochaine fois qu’on t’arrête tu seras tué. Écoute-moi bien. Tu seras tué. Continue avec ta trahison »
Dans cette posture, il est le dernier des Mohicans et mérite de la Patrie.
Source: EVARISTE FOPOUSSI FOTSO