Des analyses ADN pratiquées sur quatre enfants enterrés il y a plusieurs millénaires permettent d’en savoir un peu plus sur les origines de l’humanité.
Beaucoup s’accordent à dire que l’Afrique est le berceau de l’humanité. C’est donc l’endroit idéal pour faire des recherches sur l’origine de l’Homo sapiens. Mais il est compliqué d’y trouver des ossements comportant de l’ADN en bon état, en raison de sa situation tropicale et de ses sols acides.
Toutefois, une équipe internationale de chercheurs, dirigés par des scientifiques de la Harvard Medical School (à Boston, Etats-Unis), ont réussi à séquencer l’ADN de quatre enfants enterrés il y a 8 000 et 3 000 ans dans la grotte de Shum Laka, au Cameroun. Ce site archéologique très connu est considéré comme le berceau probable des langues bantoues.
Les découvertes ont été publiées dans la revue Nature, avec des résultats surprenants, permettant de mieux reconstituer l’arbre généalogique des populations africaines.
Les analyses révèlent que l’ADN des quatre enfants n’est pas étroitement lié à la plupart des locuteurs actuels du bantou. Ces enfants présentent en revanche “une proximité génétique insoupçonnée avec les chasseurs-cueilleurs d’Afrique centrale, suggérant que les locuteurs bantous d’aujourd’hui ne descendent pas de la population à laquelle appartenaient les enfants Shum Laka”, affirme Mark Lipson, généticien de la Harvard Medical School et un des auteurs de l’étude. Le scientifique ajoute que ce résultat indiquerait l’existence d’une “population jusque-là inconnue qui ne fournissait que de petites proportions d’ADN aux groupes africains actuels”. Les analyses ADN montrent que les deux tiers de l’ascendance des enfants viennent de la lignée inconnue, et approximativement un tiers de leur ascendance vient d’une lignée apparentée aux chasseurs-cueilleurs actuels du centre de l’Afrique.
Les scientifiques ont également montré que quatre lignées majeures ont contribué aux humains actuels. “Notre analyse indique l’existence d’au moins quatre grandes lignées humaines très anciennes (dont la lignée inconnue) qui ont contribué à la variation des populations d’aujourd’hui et qui ont divergé les unes des autres il y a environ 250 000 à 200 000 ans, affirme David Reich, généticien de la Harvard Medical School et l’un des auteurs de l’étude. Ces résultats soulignent à quel point le paysage humain en Afrique, il y a quelques milliers d’années seulement, était profondément différent de ce qu’il est de nos jours et ils mettent en évidence le pouvoir de l’ADN ancien de lever le voile sur un passé humain qui a été masqué par les récents mouvements de populations.” Une autre série de divergences génétiques a eu lieu entre 80 000 et 60 000 ans, incluant la lignée qui a conduit aux humains non-africains actuels.
Source: Par Chloé Gurdjian – Publié le 03/02/2020 à 18h10 – Mis à jour le 03/02/2020