Le vice-président du SDF, L’honorable Joshua Osih, a remis, le 9 avril, au Premier ministre chef du gouvernement, Chief Joseph Dion Ngute un document, contenant les propositions du Social Democratic Front à la stratégie de lutte contre le COVID-19 au Cameroun. Le parti dirigé par John Fru Ndi plaide pour la création d’un ‘’Task Force’’ pour faire face à la pandémie.
La coïncidence intrigue. Quelques jours auparavant, le projet de créer un ‘’Task force de la présidence de la République’’ contre le Coronavirus a fait pschitt. En effet, face à la propagation de la maladie, certains proches collaborateurs du chef de l’Etat, dénoncent des tergiversations et des demi-mesures.
Celles d’un jeune ministre de la Santé publique qui aurait peur de frapper fort. Pour l’entourage de Paul Biya, la communication face au virus a pu dérouter, paraître erratique, manquer de lisibilité, par moments.
Il est temps pour certains de reprendre les choses en main. C’est ainsi qu’en qualité ‘’d’envoyé spécial du président de la République’’, que le ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, l’air pénétré, dans une scénographie calée au millimètre, est descendu, le 4 avril sur le terrain. Objectif de la visite, se rassurer de l’avancement des travaux et de la célérité dans l’exécution des chantiers urgents. En fait, cette descente sur le terrain devait marquer la récupération du dossier COVID-19, par le clan du Sgpr.
Le président camerounais goutte très peu aux mises en scènes de ses collaborateurs qui sont obligés de surjouer pour retenir son attention. Les arguments égrenés par son entourage contre le plan actuel de lutte contre le Coronavirus ont eu du mal à convaincre le chef de l’Etat. Paul Biya a tranché : c’est au Premier ministre que revient toujours le travail d’élaboration de la stratégie gouvernementale. Le MINSANTE reste en première ligne pour dérouler l’action de l’exécutif dans le cadre de cette urgence sanitaire sans précédent dans l’histoire récente du pays. Paul Biya observe une période de distanciation avec son entourage.
La relation entre Paul Biya et ses proches collaborateurs est comme un tableau impressionniste. Et en regardant de très près, on repère dans plusieurs épisodes de multiples petits points de rupture, a priori sans rapport les uns aux autres.
Mais si l’on prend du recul, l’image apparaît plus nettement : celle d’une prise de distance de l’un par par rapport aux autres qui s’affirme. Depuis le début de la pandémie due au coronavirus, le président de la République s’est effacé. Il laisse à son Premier ministre, le soin de gérer l’opérationnel. En langage militaire, on appelle cela un repli stratégique.
Le chef de l’Etat voudrait donner l’image d’une figure transcendante de la “guerre sanitaire” qu’il mène. Confiné, au palais de l’Unité ou à Mvomeka’a, Paul Biya nourrit, l’image du souverain omniscient et inatteignable. Les silences ou les absences du magistrat suprême nourrissent ainsi ce qui dessert la démocratie camerounaise : les illusions du paternalisme étatique. Le président répond ou reste silencieux aux attentes d’une partie des Camerounais qui se défaussent de leurs responsabilités sur l’État dont ils attendent des miracles impossibles.
Le Cameroun est devenu un peuple d’assistés qui s’en remet à l’État qu’il croit encore Providence, et qui se retrouve perdu quand cet État se montre défaillant.
Le Cameroun est devenu une juxtaposition d’individus égoïstes que l’intérêt général laisse indifférents. Après tout, le Cameroun a les dirigeants qu’il mérite. Paul Biya n’a pas oublié le désastre de la CAN 2019.
Chat échaudé craint l’eau froide. Ceux-là même qui plaident aujourd’hui pour un ‘’Task force’’ n’avaient pas hésité, dans un montage similaire, à s’offrir des marchés publics fictifs de 690 milliards F.CFA. Comme toujours, ils profitent des situations d’urgence pour puiser dans les caisses de l’Etat. Et déjà ce qui les intéresse, ce sont les commandes faites par le gouvernement, dans le cadre de la riposte contre le Coronavirus.
Paul Biya et son entourage n’en sont pas encore aux gestes barrières. Mais le président de la République et ses proches collaborateurs se confinent. On verra si leur relation passera le test du déconfinement.
Source Facebook: Duke Atangana Etotogo