Après la publication d’un rapport faisant état de plusieurs cas de personnes atteintes par le coronavirus à la prison centrale de Yaoundé dans laquelle est actuellement détenu le journaliste camerounais, Reporters sans frontières (RSF) demande à l’ONU de tout faire pour obtenir la remise en liberté et la protection de ce journaliste incarcéré particulièrement vulnérable.
Alors que l’ex directeur général de la radiotélévision publique camerounaise (CRTV) Amadou Vamoulké se présentera pour la 30e fois devant le Tribunal criminel spécial (TCS) de Yaoundé le 26 mai prochain, RSF vient de saisir le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la santé d’un appel urgent demandant son intervention humanitaire pour obtenir la remise en liberté de ce journaliste emprisonné, malade et âgé (70 ans), avant qu’il ne soit trop tard.
Selon un rapport récemment publié par Amnesty International, un détenu au moins a été testé positif au coronavirus dans la prison centrale de Kondengui à Yaoundé où le journaliste est incarcéré depuis près de quatre ans et plusieurs autres cas suspects ont été identifiés. L’ONG indique par ailleurs que deux prisonniers sont morts peu après avoir été libérés dans des conditions qui laissent penser qu’ils ont été contaminés. L’un d’entre eux a été enterré en l’absence de la famille.
Le rapport fait également état d’une surpopulation carcérale de 432% malgré les libérations accordées à certains détenus par le président Paul Biya le 15 avril afin de décongestionner les prisons du pays. Poursuivi pour crimes économiques -le détournement de près de six millions d’euros au seul profit de la CRTV- et pas encore jugé malgré un procès fleuve qui dure depuis trois ans, Amadou Vamoulké ne faisait pas partie des prisonniers graciés.
“Les autorités camerounaises ne peuvent pas exposer plus longtemps l’un de leurs plus éminents journalistes au risque de le voir mourir en prison, déclare Arnaud Froger responsable du bureau Afrique de RSF. Lors d’une mission à Yaoundé fin 2019, nous avions déjà alerté le ministère de la Justice sur l’absence de soins et d’examens appropriés dont faisait l’objet ce journaliste malgré deux rapports médicaux établissant clairement la nécessité de son évacuation sanitaire. Depuis, le journaliste a fêté son soixante dixième anniversaire derrière les barreaux et au moins un cas de coronavirus a été identifié dans sa prison. Cette situation le rend particulièrement vulnérable. La dimension humanitaire de ce dossier et le droit à la santé d’Amadou Vamoulké devraient l’emporter sur toute autre considération.”
Le 6 avril, RSF et 80 organisations avaient écrit à dix chefs d’Etat africains dont le président Paul Biya pour leur demander de libérer les journalistes emprisonnés dans leur pays respectifs soulignant que dans le contexte de la crise sanitaire et dans des prisons surpeuplées, ils n’avaient pas la possibilité de s’isoler et qu’ils étaient souvent privés des soins médicaux nécessaires.
Une semaine plus tard, RSF a déposé une plainte auprès de l’ONU pour lui demander d’intervenir auprès des Etats qui violent le droit à l’information au prétexte ou à l’occasion de l’épidémie de Coronavirus. Cette démarche a pris la forme d’une lettre d’allégation au Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la santé, le lituanien Dainius Pūras, et à son collègue Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression, l’américain David Kaye.
Le Cameroun, 134e sur 180 pays, a perdu 3 places au Classement mondial de la liberté de la presse récemment publié par RSF.
Source: RSF