J’ai regardé, contrarié, une émission D’ÉQUINOXE TV, à laquelle participait le Pr MESSANGA NYAMDING, représentant le RDPC. Ce dernier, avec une déconcertante outrecuidance, promettait au Pr Maurice KAMTO, le leader de l’opposition, pas moins que la prison au cas où il organiserait à nouveau des marches pacifiques de protestation : « Si Maurice Kamto recommence, il part en prison ».
On y voit donc le cadre d’un parti-État, prédire en toute impunité, ce que sera la démarche de la justice et sa sanction au cas où le MRC s’obstinerait à exercer simplement ses libertés politiques, lesquelles jouissent d’une garantie constitutionnelle. En clair, il indique que la justice est assujettie au pouvoir politique camerounais dont elle n’est finalement que le bras séculier. Au soutien de ces incongruités juridiques et politiques, le Professeur es RDPC a sorti de son chapeau un concept inédit de “surveillance préventive”, pour justifier la séquestration de Maurice KAMTO pendant 78 jours.
A ce sujet, il faut fermement réaffirmer les principes : En ce qui concerne les droits de l’homme comme en matière pénale, la violation des droits ne fait pas la loi. La loi pénale est d’interprétation stricte: on ne peut restreindre la liberté d’un citoyen que dans le cadre de ce qui est prévu par la loi.
La liberté et le droit ne se définissent ni par rapport au référentiel d’une dictature, ni par rapport aux sécrétions intellectuelles d’un de ses suppôts. Pour réussir son exercice de prestidigitation juridique, il essaye de faire accréditer la thèse selon laquelle, la nécessité fait la loi même en matière des droits de l’homme et des libertés ou en matière pénale et que de ce point de vue, même si la séquestration de Maurice KAMTO, n’était prévue par aucune disposition légale, le contexte l’imposait…
Il convoque à l’occasion des pratiques en droit civil qui précèdent la loi. Exemple : à ce jour, le dispositif ORANGE MONEY et MTN MONEY ne sont encadrés par aucune loi, d’autant que ces entreprises qui font du transfert d’argent ne peuvent se prévaloir des règles régissant les établissements financiers ? Dans le cas d’espèce, on dit que la pratique a une avance sur le droit et ceci est accepté compte tenu de son utilité économique.
En revanche, ceci ne saurait s’appliquer à la gestion de l’humain. L’autorité de l’État lui donne le droit de commander mais elle doit contribuer à faire exister les libertés des individus qui sont des hommes et pas seulement des citoyens. De manière plus pertinente que ces démonstrations savantes, l’exemple ci-dessous révèle l’importance attachée au respect de la loi en matière des droits de l’homme et des libertés.
La détention provisoire est l’emprisonnement d’une personne qui n’a pas encore été jugée. En France, cette détention ne peut être ordonnée que dans les conditions prévues par la loi et pour une durée limitée. En l’espèce, un juge d’instruction avait oublié de demander au Juge des Libertés et de la Détention, le renouvellement de la détention provisoire d’un présumé terroriste, Monsieur Oualid B.,soupçonné d’être impliqué dans un projet d’attentat en 2014 à Lyon.
L’accusé djihadiste, qui était en détention provisoire depuis août 2016, avait été purement et simplement libéré de prison le 3 avril 2018, car sa détention était désormais dépourvue de base juridique, pourtant son procès était imminent. La France qui était en proie à une quasi-invasion terroriste, n’avait pas cru devoir s’inventer une loi qui n’existe pas, pour maintenir en détention monsieur Ouali B, malgré sa dangerosité présumée. Voici la démonstration patente de ce qu’on appelle État de droit, aux années lumières de la sauvagerie camerounaise que notre Professeur des tropiques essaye d’enjoliver. Les camerounais, comme tous les peuples de la terre ont droit à la liberté, à la démocratie et à la prospérité. Nous ne voulons pas de cette démocratie à l’indigène Pr MESSANGA NYMDING.
Source: Me Amedee Dimitri Touko Tom