En lisant, de fond en comble, la position de Nintcheu qui a été rendue publique et amplement partagée ces dernieres heures, il apparaît, au moins, quatre déterminants motivant le choix de cette décision.
1. l’Assemblée nationale n’a jamais débattu de la question’ de la crise anglophone mais c’est curieux que 62 députés interviennent et envoient une correspondance pour critiquer la posture des membres du congrès américain sur l’extradition des compatriotes domiciliés aux États-unis.
2. C’est un député Sdf, l’honorable Joseph Wirba, qui avait posé le problème du débat sur la crise anglophone avec toutes les turbulences qu’il a vécues au point de quitter le pays.
Le SDF reste l’une des formations politiques ayant créé un blocus à l’Assemblée nationale en 2017 pour exiger le débat sur la crise anglophone. Mais comment se fait-il que Osih, qui était parmi les chefs contestataires à cette époque- là, vienne, aujourd’hui, signer la pétition pour battre en brèche la position du congrès américain à ce sujet. C’est incohérent, paradoxal et égoïste.
3. Une telle correspondance est envoyée sans qu’il y ait un débat interne entre parlementaires du Sdf sur la question sinon pourquoi la dissonance cognitive entre Nintcheu et Osih, deux députés du Sdf ?
4. Un tel débat aurait dû avoir lieu à l’Assemblée nationale entre parlementaires avant d’expédier une correspondance d’une telle essence surtout que cette actualité surgit deux semaines avant l’entame de la session parlementaire de mars prochain.
*Comprendre la posture de Jean Michel Nintcheu à l’aune de la bataille successorale post-Fru Ndi*
Au regard du déroulé argumentatif qui préside à la structuration de la position de Jean Michel Nintcheu, il est clair que l’homme politique reste et demeure dans la logique de la réactance, de la résistance et de la dissidence à l’égard de toute initiative moribonde n’allant guère dans le sens de régler, systématiquement, la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun. C’est ce qui transparaît, à la lumière de l’analyse de contenu du texte du député Sdf du Wouri-Est.
Maintenant, en jetant un regard interprétatif sur cette contradiction de posture entre deux élus du Sdf, il est clair que Nintcheu se situe aux antipodes de la posture d’allégeance,de convenance et de connivence construite par des députés du parti au pouvoir ayant intégré Osih pour cribler de balles le sénat américain. Au demeurant, l’on s’achemine, de manière inexorable, vers la bataille liée au contrôle du leadership entre le pdt régional du SDF pour le Littoral et le 1er vice-pdt du SDF. Nintcheu est, sans conteste, dans une dynamique de réincarnation de la figure contestataire que fut le chairman Ni John Fru Ndi lors des années 90. Personne n’ignore que Fru Ndi est le chantre du paradigme du “power to the people” (pouvoir au peuple), ainsi que la tête de proue du paradigme du “Biya must go” bien que ce levier théorique de la contestation n’ait pas débouché, trente ans après, sur le délogement de Biya à la tête du pouvoir.
Par contre, Osih est moins vindicative, moins contestataire et assume moins cette dimension éminemment critique à l’égard de l’ordre dominant. Toutes les actions visant à contrôler l’exécutif ou encore l’action gouvernementale sont fondamentalement orchestrées par Nintcheu, ces derniers mois, qui reste et demeure constant dans cette position.
Osih est resté discret, sobre et peu visible sur l’échiquier politique relativement à la critique des affaires de la république, dont le fonctionnement est chancelant. En réalité, c’est l’enjeu de la succession post- Fru Ndi qui se régule à l’heure actuelle vu que le chairman lui-même a affirmé, le 11 février dernier lors d’un déjeuner de presse, qu’il ne va plus se présenter comme candidat à la présidentielle prochaine. Aussi a-t-il exprimé sa lassitude face à la lutte pour la résolution des problèmes politique et sécuritaire qui existent aujourd’hui.
Dans ce jeu de la gestion de la transition à la tête du Sdf, Nintcheu se positionne clairement comme le potentiel substitut susceptible de travailler à la revitalisation de la posture dissidente qu’avait créée Fru Ndi dès la naissance du Sdf le 26 mai 1990.
Le Don King
Mot à wou à wou!
Source: Serge Aimé Bikoi