Vacances présidentielles africaines: le Cameroun doit choisir entre les modèles tchadien ou ivoirien et les modèles sénégalais ou ghanéen
Face au début des dénonciations des acteurs civils d’Afrique centrale et des opposants tchadiens, la junte militaire et familiale des Déby explique leur coup d’État de cette semaine par “le refus du président de l’assemblée nationale d’assumer la vacance présidentielle”.
Cette explication qui vaut ce qu’elle vaut nous rappelle l’arrivée de Faure Eyadema à la tête du Togo à la mort de son père et président Etienne Gnassingbe Eyadema. L’armée avec à sa tête le chef d’état-major avait tenu en respect le président en fonction de l’assemblée nationale puis installa le fils Faure Ezozima. Après quelques années de co-gestion avec son demi-frére Kpatcha Gnassingbe, alors ministre de la défense, un conflit éclata entre les deux. Le ministre fut arrêté et placé en détention. D’ailleurs il y est toujours detenu depuis près d’une douzaine d’années.
En Côte d’Ivoire les débuts des tensions de pouvoir qui débouchèrent sur une guerre civile de plusieurs années entre les héritiers du vieux Houphouët décédé commencèrent avec une tentative du premier ministre d’alors, Allassane Ouattara, de déchirer les dispositions de la constitution organisant une vacance à la tête de l’etat en faveur du président de l’assemblée nationale, un certain Henri Konan Bedie.
Au Cameroun, quand bien même une succession constitutionnelle fut organisée en novembre 1982, une sorte de bicephalisme à la tête du pays entre le nouveau président Paul Biya et Ahmadou Ahidjo son prédécesseur alors chef de l’UNC, le parti unique régnant, mis la stabilité du pays en péril. D’ailleurs, elle ne fut réglée qu’après une visite au Cameroun du président français, François Mitterand suivi du départ en exil au Sénégal dès 1983 de l’ancien président. Il y mourrut d’ailleurs 6 ans plus tard de même que sa veuve Germaine Ahidjo. Décédée lundi, elle a été inhumée à Dakar hier mardi 20 avril 2021.
D’autres exemples de transition constitutionnelle heurtée après la mort de vieux présidents existent en Afrique francophone. On a connu le cas de la Guinée avec l’irruption du fantasque capitaine Dadis Camara après la mort du general Lansana Conte. Etc.
En tant que camerounais, ces événements doivent nous préoccuper tant notre pays, avec un président à l’âge avancé peut être rappelé à Dieu à tout moment. Le président en fonction du Sénat prévu constitutionnellement pour assurer une éventuelle vacance n’est pas au mieux de sa forme. Il y a manifestement un risque d’embrouilles au sommet de l’état dans une hypothèse pareille à celle du Tchad aujourd’hui après la Côte d’Ivoire, le Togo et la Guinée hier.
L’idéal c’est toujours une alternance democratique ordonnée du vivant du président en fonction. C’est le moindre mal comme on le voit en Afrique du Sud, au Ghana, au Sénégal, au Nigeria, au Libéria, au Niger, entre autres.
Alex Gustave Azebaze