N’avez-vous pas constaté que Fame Ndongo ne parle plus de son créateur ni même Messanga Nyamding qui ne chante plus à qui veut l’entendre : « Paul Biya mon maître politique » ?
Il n’y a plus de doute. Le milieu proche de la présidence et sa familial sait que Paul Biya c’est fini. Le lion a franchi la ligne de la fin de son très long règne de 40 ans sans partage. Malheureusement chaque chose à une fin. La gestion du Cameroun est terminé pour cet homme qui a refusé de prendre sa retraite politique depuis 2008 par une modification de la constitution pour se maintenir au pouvoir à vie.
La seule question qu’on peut se poser aujourd’hui est celle de savoir à quoi va ressembler cette fin. Va-t-il quitter le pouvoir à la Omar Bongo décédé en juin 2009 en Espagne ou bien à Mobutu qui, en décembre 1996, a connu un retour triomphal suite à un séjour médical en Europe mais chassé de la pire des façons du pouvoir 5 mois plus tard.
Paul Biya qui se soigne en Suisse rentrera-t-il au Cameroun ou bien c’est le pouvoir qui va le lâcher ?
Il n’est plus un secret pour personne, Paul Biya ne contrôle plus rien. Disons plutôt que sa grosse inquiétude aujourd’hui c’est sa santé, c’est la pulsion de vie. Et son entourage le sait très bien. La fin la plus plausible est une fin à la Mobutu ou pire une fin à la Omar Bongo.
Et pour cause, tenez, les états-majors du RDPC et les hauts parleurs, sorte de vuvuzela, profiteurs du système mis en place par le champion désormais fini, s’apprêtent à offrir un accueil résurrectionnel à Paul Biya, lors de son retour d’un séjour médical dit court séjour privé. A condition qu’il retourne dans une certaine forme…
Scénario du retour triomphal de Mobutu en décembre mais chassé du pouvoir au mois de mai soit 5 mois après
En en croire le rythme d’appel à manifestation pour soutenir Paul Biya, convalescent en Suisse, c’est donc un scénario de la chronique d’une fin à Mobutu qui se dessine pour Paul Biya.
Exactement comme Mobutu. D’autant que voilà, le mardi 17 décembre 1996, le Maréchal Mobutu Sese Seko, président du Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo (RDC), a fait un retour triomphal à Kinshasa après quatre mois de convalescence et le 16 mai 1997, le maréchal Mobutu était chassé du pouvoir, 5 mois seulement après son retour imposant. Et pire, le 7 septembre 1997, le tyran Mobutu Sese Seko va s’éteindre au Maroc, quelques mois après avoir quitté le pouvoir et le Zaïre qu’il avait gouverné d’une main de fer pendant 32 ans et dont son entourage courtisans et créatures le disaient “Dieu immortel”.
La fin des tyrans est toujours tragique
Dans un article du 18 décembre 1996, notre confrère letelegramme rapporte qu’à son atterrissage à l’aéroport de Djili à Kinshasa, le tyran Mobutu est accueilli et salué par des dizaines de milliers de sympathisants tant à l’aéroport international que sur le long du parcours de son cortège. Après quatre mois passés en Europe à faire soigner un cancer de la prostate, le président zaïrois, 66 ans, a quitté la France et regagné son pays, pour tenter d’en reprendre les rênes. Le maréchal-président avait quitté sa villa de Roquebrune-Cap-Martin le matin pour se rendre à l’aéroport de Nice où trois avions l’attendaient pour le ramener -lui, son épouse et sa suite- dans son pays. Le chef de l’Etat, coiffé de sa légendaire toque de léopard a pris un bain de foule à l’aéroport de Kinshasa-Ndjili et a gagné par les avenues de la cité la résidence du camp militaire Tshatshi, distante de quelque 25 km de l’aéroport. Dans un discours radiodiffusé, il a dénoncé les « ennemis de la démocratie » qui « ont profité de sa maladie pour le poignarder dans le dos ».
Une rébellion à l’Est de du Zaïre n’est pas lion de la crise dans le NOSO
En effet à son retour Mobutu lance un appel en vue de la reconquête des territoires de l’Est du Zaïre soumis à une rébellion de Tutsis que Kinshasa accuse directement d’être organisée par ses voisins du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda.
Une crise Économique et sociale qui secouent le Zaïre à cette époque ressemble étrangement à la crise économique et sociale qui secouent aussi le Cameroun de Paul Biya aujourd’hui.
Face à une crise économique et sociale, le Zaïre a refusé formellement de participer au dernier sommet des pays des Grands-Lacs qui s’est achevé mardi à Nairobi pour traiter précisément de la situation qui prévaut dans la province du Kivu (est) et affirmant qu’il n’acceptait pas de siéger « à la même table que ses agresseurs ». Rapporte letelegramme.
Le maréchal Mobutu, qui a toujours refusé de siéger « à la même table que ses agresseurs », regagne ainsi un pays en pleine crise économique et sociale, depuis plusieurs années, aggravée par une rébellion dans ses provinces de l’Est d’où son armée a dû battre en retraite dans des conditions peu honorables, marquées par des pillages et des exactions. Dans ce cas d’espèce, certains diraient à tort ou à raison : « suivez mon regard »
Du coup on se demande si Paul Biya lui aussi va donc regagner un Cameroun en pleine crise économique et sociale. Cette situation est aggravée par une guerre de sécession dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Biya aussitôt rentré aussitôt renversé ?
En tout cas, dans le cas du Zaïre, c’est ce qui s’est passé, puisque la contestation au régime du président zaïrois Mobutu Sese Seko atteint son paroxysme en mai 1997, 5 mois seulement après son retour triomphal, alors que les troupes de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo progressent vers la capitale, Kinshasa. Après 32 ans au pouvoir, Mobutu quitte le pays, tête baissée, pendant qu’un gouvernement de salut public est formé le 22 mai. Il accepte enfin de négocier avec ceux qu’il qualifiait d’ennemie de la république mais trop tard le changement était déjà amorcé. Mobutu regrette mais hélas subit une fin tragique et va, à 66 ans, fuir un pays qu’il a dirigé de main de fer sans partage pendant 32 ans se disant même être le Dieu sur terre.
Paul Biya peut-il échapper à une fin à la Mobutu
Pas certain. Paul Biya pourrait ne pas être renversé par une rébellion armée mais, soit par un coup d’état ou renversé par son entourage par le biais d’un isolement progressif dont il est déjà l’otage depuis la Covid-19. Depuis Mars 2020, l’entourage de Paul Biya l’a placé en résidence surveillée et lui permet seulement quelques sorties pour recevoir quelques ambassadeurs mais aucun président étranger, ni présider des cérémonies officielles.
D’ailleurs il n’est plus un secret pour personne que Ngoh Ngoh voudrait bien remplacer Paul Biya à la tête du Cameroun. Encore que ce dernier peut être la tête qui cache d’autres prétendants tapies dans l’ombre et qui n’attentent que le moment venu pour mettre en exécution leur plan. Il ne faut pas sous-estimer ni l’armée, ni le camp Fame Ndongo, ni encore moins le prisonnier Mebe Ngo’o. L’histoire nous apprend que plusieurs présidents africains étaient des anciens prisonniers parfois sortis directement de la prison pour la présidence.
Pourquoi cachent-ils Paul Biya ?
En effet, soutenu par Madame Chantal Biya, Ngoh Ngoh a confisqué la signature de Paul Biya et dicte l’action gouvernement donc lui seul établit l’agenda. Mais encore pour combien de temps. Demain, si l’on ne prend garde, le Cameroun va connaître une grave crise.