Ce sont des hommes, des femmes, des enfants aussi issus de toutes les régions du Cameroun. Pour des raisons diverses et multiples, ils ont un passeport qui n’est pas camerounais. Ils sont pourtant très attachés à leur pays d’origine qui les traite comme des étrangers. Etrange paradoxe.
La Diaspora, c’est un autre visage de nous-mêmes. Ce sont parfois nos parents, nos enfants. Notre sang coule dans leurs veines au delà d’un bout de papier et d’une disposition qui ne leur reconnaît pas la double nationalité.
Il faut le dire avec force. La Diaspora est multiple. Elle n’est pas uniforme.
Il y a ceux qui s’en sortent admirablement et qu’on adule.
Il y a ceux qui peinent et qui se battent avec l’énergie du désespoir. Et puis, il y a parfois, ceux qui perdent pied et qui sont renvoyés manu-militari comme des encombrants. Retour au point de départ. Avec fracas et l’opprobre sur eux. Des bannis.
Partir, c’est se condamner à avancer…
On se souvient d’Adré Marie Talla. « Je vais à Yaoundé pour chercher une vie meilleure.. »
En fait il se rendait là où le vent le portait avec en bandoulière son seul courage et sa volonté chevillée au corps.
Imaginez tous ceux qui doivent quitter leur pays. Non sans mal.
Rien n’est donné ailleurs gratuitement.
Il faut gagner son pain à la sueur de son front. Chaque jour.
Ailleurs ne fait pas de cadeaux.
C’est un combat au corps à corps. Un combat pour la vie. Et parfois pour la survie.
Allez donc faire un tour à Château-Rouge dans le 18 eme arrondissement de Paris.
Vous verrez ces hordes de femmes qui vendent à même le sol, du poisson fumé et différents produits venus du Cameroun.
C’est illégal.
La police française veille au grain.
C’est un jeu de cache-cache risqué.
Parfois un veilleur sonne l’alerte.
C’est le branle-bas de combat. La fuite éperdue ponctuée de rires. Et de grincements de dents.
Il faut éviter que les marchandises soient confisquées et que les vendeuses à la sauvette se retrouvent en garde à vue avec à la clé une amende sévère et dissuasive.
Il faut bien vivre. Parfois dangereusement.
Les Sénégalais de la Diaspora excellent dans le commerce ambulant à travers la planète.
Ils vivent de peu. Une partie du pécule chichement gagné est envoyée aux Imams. Cet argent a par exemple permis à la confrérie des Mourides de construire une mosquée extraordinairement belle avec du marbre de Carrare.
L’amour d’Allah permet de déplacer des montagnes.
La ferveur religieuse rend possible des miracles. A quels prix?
Ce qu’il faut retenir c’est la combativité de tous ces ressortissants de la Diaspora.
Bien évidemment, tous les membres de la Diaspora ne sont pas logés à la même enseigne.
On ne connaît pas le chiffre précis des membres de cette communauté. Sans doute plusieurs millions chez nous à travers le monde.
Ce qui est sûr et certain, c’est qu’au Mali, au Sénégal, au Cameroun ou dans le reste du continent africain, la Diaspora c’est du pain béni.
Elle soutient financièrement nos pays et participent discrètement à son développement. La Diaspora c’est une bouée de sauvetage économique.
Je n’évoque pas les réussites extraordinaires de la Diaspora dans nombre de domaines : le sport, la diplomatie, la recherche, la médecine, les milieux d’affaires, la musique, l’enseignement… L’énumération n’est pas exhaustive.
Il est de bon ton pour les pouvoirs publics de ce pays de voler au secours de ces victoires qui font notre fierté et de se rengorger à travers des discours lénifiants avec des remises de breloques.
Mais que l’on ne s’y trompe pas.
Les visas : une pompe à fric sur le dos de la Diaspora.
C’est un document publié par notre Ambassade aux Etats-Unis à Washington DC qui vient d’attirer mon attention.
Il est question du montant du visa que devront payer tous ceux qui vont désormais séjourner dans notre beau pays.
Sachant que les membres de la Diaspora constituent la très grande majorité des visiteurs, cela laisse à penser qu’ils seront tondus pour renflouer les caisses de l’Etat.
Nous avons tous de la famille et des parents à l’étranger. Et l’addition qui leur est imposée est particulièrement corsée.
Le Document date du 02 Août 2021.
Pour un court séjour le visa va coûter 83$ puis 184$ pour un séjour de 6 mois et 275$ pour obtenir un visa long d’un an.
Les chiffres bondissent encore en cas d’expédition du visa.
183$ pour un court sejour, 274$ pour un séjour de 6 mois et 365$ pour un visa d’un an.
Comme si le coût du visa ne suffisait pas, il faut rajouter un bonus appelé Laisser-passer. 48 à 88€ supplémentaires.
Comme de bien entendu, les cartes de crédit et les chéquiers sont interdits. Il faut payer en espèces. Cash.
Sachant que nos familles sont nombreuses, les parents et 3 enfants en moyenne.. faites le calcul.
Ce sont des familles pressurisées pour aller en vacances dans leur pays d’origine.
Il faut à ces dépenses de visas rajouter les prix des billets d’avion, les dépenses inhérentes au voyage et le coût du séjour sur place.
Comment voulez-vous développer le sentiment d’appartenance à un même pays?
Nous avons tous en partage le Cameroun.
Les membres de la Diaspora souffrent dans leur chair, dans leur cœur et dans leur âme d’être ainsi traités.
Nos dirigeants doivent faire montre de plus d’empathie et d’une solidarité agissante.
La Diaspora c’est une chance pour le Cameroun. Pas un repoussoir.
Cyrille Sam MBAKA
Homme Politique.