Dans l’une de nos précédentes tribunes, nous décrivions le truisme de ce que le Cameroun, avec un chef épuisé et malade, est aujourd’hui conduit vers la perdition par son épouse « Madame la présidente » Chantal “Edith Wilson”. Elle est accompagnée dans cette besogne par son cousin Ferdinand Ngoh Ngoh, le Mazarin de Minta. Dans l’ambiance de far west produite par cette déliquescence de la chefferie d’Etat, les libertés et droits fondamentaux des Camerounais sont aujourd’hui, plus qu’hier, impunément piétinés. On en a pour preuve une vidéo devenue virale : celle du chef Bangoulap en train d’interrompre une cérémonie funèbre et frappant violemment un citoyen avec sa canne.
Coups et Blessures par Jean-Marie Yonkeu ou le retour de la loi du plus fort
Le chef Jean-Marie Yonkeu dont le prédécesseur Joseph KUIKA Joseph fut condamné en 1964 à 20 ans de travaux forcés assortis de 15 ans d’interdiction de séjour à Bangoulap, puis assigné à résidence surveillée à Yaoundé, devait mieux que quiconque connaitre les limites de son autorité et les conséquences pénales de ses actes.
Dans cette vidéo, on voit très bien comment le chef assène violemment sur le crâne chauve d’un vieillard un coup de canne au point de lui fendre la tête. Dans une communication qui a été diffusée à la suite de cet incident, J-M Yonkeu ne présente pas ses excuses pour son emportement mais s’emploie plutôt à se dédouaner en alléguant la légitime défense. Les faits ne corroborent pas son argumentaire. Que ce serait-il passé si au contraire, c’est le chef qui avait reçu des coups et eu le crâne fracturé ? Pourquoi n’a-t-il pas fait appel aux forces de maintien de l’ordre (gendarmerie) ?
Chassez le naturel, il revient au galop
Vêtu d’une tenue d’apparat semblable à celles qu’arborent depuis quelques temps les chefs Ekang, J-M Yonkeu, comme le dit l’un des spectateurs, s’est une fois de plus ridiculisé. Les véritables raisons l’ayant amené à “gâter” le deuil d’une ”princesse“ dans l’espoir d’établir son autorité par la force brute ne se trouvent pas dans les explications qu’il avance. Les populations le savent.
De nombreux faits permettent d’établir la difficulté qu’a ce monarque à accepter la contradiction surtout lorsqu’il y perd des prébendes. Pour mémoire en 2017 ce souverain s’était fait remonter les bretelles ou couper le cheukou (variante locale du mbila) et renvoyé dans ses montagnes par un sous-préfet à Yaoundé dans une affaire d’élection du chef de famille Bangoulap.
On se souvient également que c’est ce même roi qui en juillet 2019, en France a escaladé une clôture pour se rendre à une fête à laquelle il avait été déclaré persona non grata par la Brigade anti-Sardinard (BAS) commandée par ses propres fils. L’appât du gain était plus fort que sa noblesse et sa dignité. Il n’est d’ailleurs pas le seul du Département dans cette situation.
Les chefs du Ndé : de fieffés filous
Un administrateur civil confessait avec courtoisie que le Ndé s’illustre par ses chefs traditionnels récalcitrants. La logique voudrait que les chefs de villages se battent pour leurs ressortissants. Les chefs du Ndé sont connus pour se battre contre leurs fils et filles ou aident ces derniers à se battre entre eux. “Ils sont ces entrepreneurs permanent de guerre, entrepreneurs de conflit, c’est à dire ceux-là qui maigrissent en temps de paix et trouvent leur compte en temps de guerre. En effet pour ne pas mourir de faim, ils cognent permanemment les têtes entre les élites en diffusant des ragots à longueur de journée et de nuit“ disait des chefs sans expressément les nommer Franklin Etapa alors Préfet du Ndé. Une des élites du département a su utiliser à son avantage ce gout prononcé du lucre. Instrumentalisés par cette femme fatale devenue ministre, qui dit-on sert de matelas à quelques-uns d’entre eux, la majorité des chefs traditionnels du Ndé tous degrés confondus sont reconnus comme de véritables chasseurs de prime, sans foi ni loi. Contre espèces trébuchantes, sans se préoccuper de l‘avis de leurs concitoyens, ces chefs s’illustrent comme des signataires sur commande de mémorandum divers et autres motions de soutien au créateur des créatures, le fantomatique Paul Biya. L’appétit étant venu en mangeant, ils sont devenus insatiables. Un peu partout dans le département comme ici à Bangoulap, les populations en payent le prix.
Les chefs du Moungo s’invitent dans un concubinage qui tourne au vinaigre dans le Ndé
Bien que ce qui va suivre ne soit pas lié à l’incartade du Chef Yonkeu, il permet d’illustrer le degré de nocivité que peuvent créer les chefs traditionnels. Il y a quelques semaines, à la faveur du renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), la section Ndé-Nord à l’instar de nombreuses autres sections du “socle granitique” s’est illustrée par des violences, des casses et destructions de biens public (incendies). Le ressentiment des acteurs était latent. Ceci explique pourquoi le 8 novembre 2021, estimant n’avoir pas bénéficié de la protection de l’autorité préfectorale durant la marche pour fêter l’accession à la magistrature suprême du président de la République le 6 novembre, Célestine Ketcha Courtès la présidente de cette section et par ailleurs ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu) a adressé au préfet Ewango une demande d’explication contenant de nombreuses réprimandes et allusions sur papier entête du Minhdu. Le 18 novembre, en réponse à cette correspondance désobligeante, une nébuleuse jusqu’alors inconnue se présentant sous la bannière de “chefs traditionnels Sawa du Moungo et de la plaine des Mbo”a volé au secours de “leur fils”. Dans l’environnement politique actuel, on aurait compris que les chefs du Haut-Nkam dont le préfet Ewango du village Bamengui dans l’arrondissement de Kékem est originaire réagissent. Que non ! Ce sont quatre apprenti-entrepreneurs politiques dont Charles Ebako, ancien camarades de classe du préfet Ewango, qui ont voulu profiter de l’aubaine. L’occasion était trop belle pour ne pas se faire voir et peut-être vendanger quelques retombées. Nous apprenons ce jour qu’une cinquantaine de chefs traditionnels et élites du Moungo vient d’apporter leur soutien à Célestine Ketcha Courtès, “la fille du Ndé qui a grandi dans le Moungo”. Que diantre viennent faire les chefs de village dans cette bagarre qui n’est que la conséquence d’un concubinage nocif entre l’administration et le RDPC ?
Célestine Ketcha Courtès et Chantal “Edith Wilson” Biya : la photo message
Au moment où le Cameroun désillusionné par 40 ans de gabegie pense à redéfinir les obligations et les privilèges de son chef, il est impératif d’étendre la réflexion aux chefs traditionnels. Ces derniers ont les yeux grands ouverts et un très grand appétit. La survie des institutions traditionnelles nécessite un recadrage. Il y va du bien de notre république à venir.
David Manga Essala et René Nanga