La 1ère dame, Ngannou et Eto’o … Voici trois milliardaires, tous issus de milieux modestes, qui offrent en cadeau aux Camerounais qui, en cette veille de Noël, tirent le diable par la queue, leur propre image à la télévision; un mirage qui confirme que “l’argent est bien !
Ce qu’ils ont fait pour “percer” – expression qui prend ici tout son sens – percer l’épais mur qui dans ce pays sépare la pauvreté de la richesse, c’est-à-dire courir après un ballon, taper les gens ou se marier… ne guérit pas les Camerounais, ne leur donne pas d’eau, d’électricité ou de carburant, ne les empêche pas de fuir le Cameroun, n’améliore pas leur économie, ne leur permet pas d’exploiter leurs richesses matérielles et culturelles… Pour beaucoup de Camerounais qui les regardent à la télévision, c’est Dieu qui donne. Aucun d’entre eux ne se demande qui paie Ngannou ? Qui payait Etoo ? Ou d’où vient l’argent de la première dame ? Pourtant, s’il y a une certitude sur la richesse, c’est qu’elle est créée. Aujourd’hui, on peut gagner de l’argent en tapant les gens, en courant après un ballon ou en se mariant. Mais j’ai l’impression qu’on a sauté une étape…. plusieurs étapes! Même s’ils en rêvent, 30 millions de Camerounais ne deviendront jamais milliardaires, et si 30 millions de Camerounais se mettent à se marier, à taper les gens et à courir après un ballon pour percer dans la vie, le Cameroun n’existera plus. Si tout ce que Dieu fait est bon, il n’est pas bon que les nouveaux dieux du Cameroun, la 1ère dame Ngannou Etoo, pêchent par l’image en trompant les jeunes. C’est l’éducation qui donne.
C’est l’école que vous n’avez pas eu la chance de fréquenter qui peut sauver ce pays. Je veux dire la connaissance et le savoir contre l’ignorance. Passez à la télévision, non pas pour que ceux que vous avez laissés dans le marasme au quartier puissent admirer vos BMW, vos Louis Vuitton, vos milliards, mais pour nous aider à orienter les rêves de nos jeunes vers ce que vous n’avez pas eu la chance d’avoir : une bonne éducation…. Et si votre image issue des milliards captés par le mariage, le ballon ou les poings doit servir à quelque chose, c’est à donner à nos enfants les outils pour pouvoir transformer cette société paralysée par l’incapacité généralisée. Ces outils sont de bonnes écoles. Si la pauvreté gère les camerounais, l’image ne doit pas les finir.
Jean-Pierre Bekolo